De Turner à Monet – La découverte de la Bretagne par les paysagistes au XIX ème siècle.

De Turner à Monet – La découverte de la Bretagne par les paysagistes au XIX ème siècle.

Detail-Turner-de-Quimper.jpg
Détail de la la toile de Turner qui témoigne de toute la modernité du peintre.

Detail-Guiaud-Quimper.jpg
Détail de la toile de Guiaud qui me séduit par la place qu’il donne à la couleur dans le paysage.
Ce n’est que plus tard avec les post-impressionnistes que la couleur va devenir élément majeur dans la « re-présentation » des paysages de Bretagne.
Technique:
Ref : Exposition au Musée des Beaux-Arts de Quimper.


Profitant des beaux jours de mai, j’ai eu la chance de visiter cette belle exposition, simple et efficace. Je remercie toutes les personnes qui œuvre pour que naisse ce type de manifestation en Bretagne pour le plaisir de tous.

Nous sommes dans la peinture de paysage du XIX ème siècle, alors il ne faut pas s’attendre à des audaces et des recherches contemporaines… mais plutôt à de la figuration « classique » très lisible et si élégante.

La Bretagne (avec le Sud de la France) est une région majeure en terme d’inspiration pour les peintres paysagistes et ce n’est pas une découverte.
Elle demeure une terre de peintres et d’accueil pour les créateurs. De nombreux artistes y sont installés aujourd’hui inspirés directement ou non par cet environnement « authentique » proche de la nature.

Ce qui est frappant dans cette exposition et parfois émouvant, c’est de retrouver des sensations d’atmosphères et de lumières qui demeurent actuelles et qui semblent être l’essence même de cette région de France.

Quelques petits commentaires sans parler de tout concernant ma visite:

La grande toile de Turner (« Port de Brest » – Vers 1826) qui est la pièce centrale de toute l’exposition est superbe. Tout le métier du peintre et sa modernité justifient le déplacement à Quimper pour ceux qui veulent voir une bonne toile.
Inutile de tout dire sur ce tableau, mais simplement évoquer comment sa maestria inonde le port de Brest d’une douce lumière ocrée et orangée qui semble envahir tout l’espace en modulant les divers éléments du port. Il combinent à la fois des parties décrites ou simplement évoquées de façon abstraite. Les divers éléments, opaques ou transparents suivant le cas, sont traités avec légèreté et fusions comme dans une aquarelle.

Une vue de Quimper prise par l’aval avec évidement un ciel superbe et une composition tournante par le grand Eugène Boudin le peintre normand.

Une œuvre de Jules Noel constituée de quatre « études » de paysages côtiers (vers 1859) sur un même support. Un ensemble très cohérent, de simples pochades « alla prima » d’une fraîcheur merveilleuse, un condensé de Bretagne.

Un endroit de Bréhat qu’il faut connaître « Les rochers du grand paon » (1861) par Octave Penguilly-l’Harridon une harmonie ocre rouge et des ombres gris vert-bleu très intéressantes.

Un petit paysage Breton vers 1860 par Corot où l’on retrouve une formule chère au peintre ; un arbre en contre-jour et un petit personnage avec un bonnet rouge qui sert à la fois de référent d’échelle et de touche de vie dans le tableau.

Daubigny avec « Soleil couchant à Kerity » (1867) propose là un audacieux contre-jour où les trois cinquième de la surface sont dans le sombre mais tout en nuances. C’est un simple accent lumineux chaud sur une silhouette de maison qui anime l’ensemble.
Mais aussi « L’entrée de Kerity » (1871) où une trouée de lumière sur le village amène un effet théâtral superbe.

Une belle série d’Emmanuel Lansyer avec des vues des côtes sans artifices mais que celles et ceux qui connaissent la Bretagne apprécieront pour les effets lumineux et la justesse des perspectives. Des œuvres faites sur le motif très vraies et très justes.

Dans la salle n°3, la boite du peintre Jules Achille Noel avec sa pochade en cours dans le couvercle, c’est de l’émotion à l’état pur pour les initiés, la vérité du peintre où seule manque l’odeur de l’essence de térébenthine.

Jacques Guiaud réalise en 1875 « Le calvaire de Tronoen » et c’est un véritable feu d’artifice organisé autour d’une lumière de fin de journée. Cette toile est d’une grande modernité, c’est un véritable scénario que l’artiste nous propose. Il transpose avec une grande liberté ce monument dans un autre environnement (cette côte est très proche dans la réalité) et multiplie les effets de couleurs et de lumières. Je pense que toutes sortes
de lecture sont possibles pour cette toile captivante.

Eugène Boudin revient à 73 ans en Bretagne et exécute une grande toile avec une facture très libre proche de l’abstraction lyrique. Ce tableau ainsi qu’un autre déconcertent les visiteurs (une dame derrière moi expliquait à une amie que le peintre trop vieux ne savait plus ce qu’il faisait…) mais personnellement je suis emballé par ces œuvres où la maturité du peintre face au motif est bouleversante.

Claude Monet, l’incontournable, avec un paysage de la côte sauvage de Belle Ile où la matière, par une touche nourrie et vigoureuse, anime même les ombres rougeâtres aux accents émeraudes. C’est le travail des complémentaires en couleur rabattue et leur distribution dans la toile qui est superbe.

Pour terminer ma visite quelques mots de Maxime de France (Le symbolisme en peinture – 1891);
« Ces merveilleux paysages de Bretagne où toute ligne, toute forme, toute couleur est le verbe d’une idée ». Et j’ajoute « ces merveilleux artistes qui nous on offert leur précieux temps de travail et de vie ».

L’ exposition autour du paysage à Quimper au musée des beaux-arts (fermé le mardi) se terminait fin aout 2011 et son catalogue est encore disponible à la librairie du musée.

Lien internet du musée de Quimper avec toute l’actualité et où l’on trouve en image, pour quelques temps, une partie des toiles de leurs différentes collections permanentes: http://www.mbaq.fr/

En haut